NOTES
Hugo résume avec talent Pierron (ouvrage cité, p. XXVI-XVII): « Sans entrer dans aucune discussion à ce sujet, je dirai que la tragédie antique se montre à nous comme un ensemble de chants lyriques et de dialogues, étroitement unis les uns aux autres, mais différant profondément et par le caractère et par les rythmes. Les successeurs de Thespis avaient adopté pour le dialogue, et en général pour tout ce qui concernait l'épisode ou le sujet dramatique, le vers ïambique trimètre, qui se rapprochait, plus que tout autre, de la simplicité du langage courant, et qui était capable, comme dit Horace [Note: Horace, Art poétique, v. 31-32] de dominer les tumultes populaires. C'est en ïambes que parlaient les héros, soit entre eux, soit avec le choeur; et le choeur leur répondait dans le même mètre. Quand le choeur se séparait en deux moitiés, pour délibérer sur quelque question perplexe, et qu'il s'associait ainsi, quoique indirectement, à l'action dramatique, il se servait aussi du mètre approprié à l'action, comme Horace caractérise encore le vers iambique. Le vers trochaïque tétramètre ne paraissait que dans les circonstances où le dialogue prenait une couleur plus vive, une véhémence inaccoutumée, et qui sentait non plus seulement l'action, la marche régulière, mais la marche rapide, la course enfin, suivant la signification du mot même de trochée.
Les chants par lesquels préludait le choeur dans les intermèdes étaient en mètres anapestiques; et souvent les anapestes, comme on nommait le prélude, étaient d'une longueur considérable. »
La suite de ce texte, qui concerne le chant chorique proprement dit (strophe, antistrophe, épode), est utilisée un peu plus loin.